Et c’était dingue !
Cet article est destiné aux professionnel·les de santé.
Ce n’était pourtant pas la première fois. D’ailleurs, en fin d’intervention, le chirurgien m’a lancé : « Tu dois connaître ça par cœur maintenant ? »
Mais cette après-midi au bloc m’a vraiment regonflé… à bloc !
Je vous explique pourquoi.
L’esprit libéré par la familiarité
Je crois que j’ai pleinement profité de ce moment parce que ce n’était justement pas une première pour moi.
J’étais plus à l’aise, moins obnubilé par toutes les considérations que vous pouvez imaginer dans ces circonstances :
- « Est-ce que je vais supporter de voir un geste aussi invasif sur quelqu’un que j’ai accompagné pendant des mois ? »
- « Est-ce que je vais tenir quatre heures debout ? » (j’écris cet article pendant un lapin 🐇🤬 posé par un militaire qui s’est fracturé la mandibule dans sa chute : il avait perdu connaissance à rester trop longtemps immobile pendant une cérémonie )
- « Est-ce que ma vessie va tenir, elle aussi ? »
Avec l’expérience, ces pensées s’effacent. On peut enfin se rendre pleinement disponible pour le reste.
D’autant plus que l’équipe était particulièrement sympa et bienveillante.
Lors des interventions précédentes, j’avais déjà pu apprécier les révisions d’anatomie (vivante, ce qui n’est pas si courant dans nos formations) et les aspects techniques : désinsertions musculaires, traits de coupe, exposition du nerf alvéolaire, mesures, contrôles, synthèses…
À force d’observer, je suis aujourd’hui capable d’expliquer précisément l’intervention à un·e patient·e.
Et c’est un vrai plus dans ma pratique de rééducateur.
Mais cette fois, j’ai pu me détacher de ces considérations techniques, me concentrer sur d’autres aspects… et vraiment apprécier.
Le double impératif : fonction et esthétique.
La personne opérée, une adulte, souffrait d’apnées obstructives du sommeil.
L’objectif de l’intervention était donc clair : libérer les voies aériennes en avançant maxillaires et mandibule.
Mais le profil devait rester esthétique.
Le geste était bien sûr planifié au millimètre, mais le temps de l’intervention est celui de la confrontation du plan au réel. Il y a des ajustements, des nuances, des décisions à prendre en situation.
Par moments, le bloc se transformait en atelier d’artiste : le chirurgien-technicien se muait en chirurgien-sculpteur. Il prenait du recul, observait le profil, évaluait l’équilibre facial, puis retournait à son travail.
Un régal à observer.

Le sens que cette chirurgie donne à la prise en charge des enfants
Quand on assiste à une chirurgie maxillo-faciale, aussi maîtrisée soit-elle, il en ressort une évidence : tout doit être fait pour l’éviter.
Alors le lendemain, au milieu d’un de ces mercredis-tunnels d’enfants et d’adolescents parfois peu impliqués, mon niveau d’engagement était… maximal.
Tout notre travail de rééducation vise à installer les fonctions typiques : posture globale tonique, ventilation nasale, fermeture labiale, mastication, déglutition. Ce sont les déterminants fonctionnels d’une croissance maxillo-faciale harmonieuse.
La logique voudrait que l’on agisse tôt, en prévention ou en interception. Avec, encore une fois, un pré-requis incontournable : la ventilation nasale.
Merci
Merci donc à mon hôte au bloc, à toute l’équipe, et bien sûr à la personne opérée, qui a accepté ma présence pendant ce moment d’une intensité rare.
Cette expérience me donne aujourd’hui un peu plus d’aplomb lorsque des parents s’étonnent des propositions orthodontiques faites à leurs jeunes enfants.
D’ailleurs je vous parlerai une prochaine fois de ces parents qui parlent de « mode orthodontique ».
En attendant, traquons la ventilation buccale chez les enfants. C’est là que tout commence.
A bientôt !
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